LES PERLES DE LA VOLOGNE, TRÉSOR DES DUCS DE LORRAINE

Les poètes lorrains ont jadis chanté les perles de la Vologne (rivière qui se jette dans la Moselle à Jarménil). Elles proviennent de la Mulette allongée (Unio elongata), qui vit dans la Vologne et dans son principal affluent le Neuné.


Le mollusque, qui produit des perles, semble plutôt provenir du Neuné, d’où il s’est répandu dans la Vologne, que de cette rivière elle-même, puisqu’en remontant son cours, on ne le rencontre pas au-delà de cet affluent. Il est vrai qu’il pénètre aussi dans les petits ruisseaux qui se jettent dans la Vologne inférieure, mais en se tenant toujours dans la partie la plus rapprochée de son cours : le ruisseau de Barba, renommé par ses belles écrevisses, en offre l’exemple.

Ces perles peuvent être de différentes couleurs : blanches, roses, roussâtres et jaunâtres. Leur grosseur varie depuis celle d’un pois jusqu’à celle d’un grain de millet.

 

La pêche des perles était assez importante pour être réglementée par ordonnance des ducs de lorraine qui se l’étaient réservée ; elle était surveillée par des "gardes-perles" et avait lieu de juin à août. Le bénédictin dom Calmet nous apprend que Marie Leczinska devenue reine de France, se parait à la cour de bijoux ornés de perles vosgiennes, mais elle n’était pas la seule à raffoler de ces petits trésors, les duchesses de Lorraine portaient toutes des colliers et pendants d’oreille en perles de la Vologne. Au début du XVIIIe Antoine de Chesnel composa une ode à cette moule perlière : Vénus, voyageant pour son agrément rencontre la Vologne, admire ses eaux limpides et ses rives fleuries et veut y prendre un bain. "Elle entre, et s’ébattant comme fait une anguille, elle enfante un fœtus couvert d’une coquille".

 

Joséphine qui  découvre les perles lors de son passage à Plombières, voulut les acclimater dans ses bassins de la Malmaison mais c’était sans savoir que les larves du mollusque étaient transportées dans les branchies des truites ! Pas de truite, pas de mulette et donc pas de perle. Leur diminution provient de plusieurs causes :

- les recherches des perles par des enfants ou des personnes ignorantes, qui inconsidérément ouvrent toutes les coquilles sans s’attacher à aucune

- l’accroissement de la population qui a multiplié les habitations et qui, perfectionnant le mode d’irrigation des prairies, a dressé le cours de la rivière, comblé les bas-fonds, aplani et défriché ses rives

- le grand nombre d’usines établies sur son cours

 

- enfin les produits chimiques employés en grande quantité par les papeteries, tels que le chlorure de chaux, les alcalis et l’alun , et par le blanchiment des toiles à Lépanges et à Deycimont.