château-sur-perle

Il existait autrefois un manoir féodal, situé sur une petite montagne, à proximité de la Vologne, entre Docelles et Cheniménil. Il était connu sous le nom de Château-sur-Perle, dénomination qui doit sans aucun doute son origine au produit des mollusques de cette rivière.

 

Ce château fit longtemps partie des domaines de la maison de Lenoncourt, mais à la mort de Charlotte, Dame Surette du chapitre de Remiremont, la dernière héritière de cette lignée, il fut vendu à un curé de Docelles du nom de Parisot. Son dernier possesseur fut Philippe Antoine de Chainel qui l'avait acheté des héritiers de cet ecclésiastique en 1755. Il l'a restauré, a créé de beaux jardins sur les flancs de la colline où il a été construit, et y menait la vie d'un riche seigneur.

 

Cependant sa noblesse lui fut contestée par un maire de Docelles. Il est certain cependant qu'il appartenait à la noblesse lorraine. Le premier de ses ancêtres, qui reçut des lettres de noblesse, fut Thielman Chenel ou Chesnel, prévôt de Vaudémont. Elles lui furent accordées par Charles, duc de Lorraine, le 22 mars 1588 et son blason porte de gueules à l'écrevisse mise en pal.

 

La branche aînée de sa descendance quitta la France pour cause de religion, mais la branche cadette resta en Lorraine et l’un des membres de cette branche, Toussaint Chesnel, officier de la gruerie de Bruyères, reçut du Duc Léopold des lettres confirmatives de noblesse, le 10 août 1706. Enfin, Philippe Antoine Chainel, son petit-fils, fut investi par Stanislas, le 10 juin 1757, de la seigneurie de Cheniménil et de Château-sur-Perle et, le 14 septembre 1759, du fief de Turkheim, par de Saint-Simon, évêque de Metz.

 

Il ne reste plus de sa descendance que sa petite fille qui a épousé Monsieur H. Laprevotte de Mirecourt. Ses enfants émigrèrent pendant la révolution. Château-sur-Perle fut ruiné, puis vendu avec les terres considérables qui en dépendaient. Le tout fut adjugé le 26 fructidor an III à des cultivateurs de Cheniménil de Laneuveville pour la somme de 415 000 livres.

Philippe Antoine Chainel (le dernier possesseur du château) est l’auteur d’un poème héroïque, dans lequel il a célébré les beautés du Château-sur-Perle et les merveilles des Vosges.

 

« Sur la verdure assise à l’ombre d’un bocage,

Venus vit la Vologne, y voulut prendre un bain

L’onde en étoit limpide et presentoit son sein.

Elle entre et, s’ébattant comme fait une anguille,

Elle enfante un fœtus couvert d’une coquille. »

Gravure de Charles Pensée, représentant le château en 1821. La partie sombre a été détruite à la Révolution.

Nota : la gravure se trouvait vraisemblablement au niveau de l’actuel cimetière de Docelles.

La destruction du château devait se produire peu de temps après : les monnaies romaines découvertes auraient été ramassées en 1822 dans les ruines de l’édifice. La cause de cette destruction n’est pas connue.

 

Hyppolyte Brocard, propriétaire de la papeterie du Grand Meix à Docelles acheta les ruines et terres attenantes à la famille Miller en 1844. Il fit restaurer les caves du château et élever sur elles un petit bâtiment. Il comprenait une partie en pierres correspondant à une ferme avec ses locaux d’habitation, sa grange et son four et une partie bois dont l’extrémité vers la vallée était un belvédère reposant sur la base de la tour castrale. Il permettait aux membres de la famille Brocard-Boucher de s’y reposer tout en admirant, à la faveur d’une large percée dans la forêt, la vallée de la Vologne.

Près du bâtiment, creusé dans le roc, se trouvait le puits du château d’une profondeur de 40 m.

L’ensemble détruit par un incendie en 1940 ne fut pas reconstruit. En 1852, la propriété de M. Brocard passa entre les mains de François Théodore Boucher qui avait épousé Adélaïde Brocard. Par la suite elle appartint à Henry Boucher, puis à Louis Boucher. Ultérieurement, sa fille, épouse Laroche-Joubert, en hérita. Il appartint ensuite à Madame Favre de Cornimont, fille de Georges Boucher et nièce de la précédente propriétaire.

 

En 1992, les 20 héritiers de la famille Favre vendirent la propriété à la commune de Cheniménil.